Témoignage sinistre Mérule entre Orléans et Blois "Les Hauts de Hurlevent"

Chère mérule, très chère mérule … comme nous sommes très mal assorties, toutes les deux ...


Bonjour,

 

J’habite la région Centre (entre Orléans et Blois), qui a subi, comme tant d’autres, les inondations du printemps 2016.

Ma maison et les dépendances qui l’entourent ont été sinistrés, avec une hauteur d’eau d’environ 60 cm.

Les derniers travaux de restauration et le règlement du sinistre ont été effectifs en novembre 2018. • Mi-juin 2019 : présence de champignons (sous socles en bois) dans une annexe non contiguë à mon habitation.

  • 20 juin 2019 : déclaration du sinistre auprès de la GMF  qui assure les bâtiments et qui m’informe que si elle prend effectivement en charge les réparations, remplacements des matériaux détériorés, etc ... elle n’indemnise pas le traitement d’éradication des parasites, ce dernier n’étant pas prévu dans mon contrat. (Aucune compagnie n’assure d’ailleurs contre ce risque parasitaire-sauf à votre demande expresse-et j’imagine, à un coût sûrement non négligeable).
  • 9 juillet 2019 : ouverture du dossier de sinistre par la GMF qui qualifie ce dernier de dégât des eaux. Malgré ma demande, il n’y aura pas de requalification officielle du sinistre.
  • 24 juillet 2019 : expertise à domicile par le cabinet d’expertise X qui confirme la présence de champignons lignivores mais exclue la mérule. • 31 juillet 2019 : compte rendu du cabinet d’expertise qui conclue cette fois-ci à la présence de mérule et préconise de contacter une entreprise spécialisée et certifiée, dont elle me joint l’adresse. • 2 août 2019 : clôture du dossier par la GMF après réception du compte rendu d’expertise.
  • 2 août 2019 : seconde constatation par le futur maître d’œuvre : Si ce n’est pas une bonne nouvelle, ce n’est pas la catastrophe (sic) ...

Signature du bon pour accord et devis avant l’exécution des travaux par l’entreprise Y pour un traitement curatif avec garantie décennale consistant en : métrage des zones à traiter (1.50 m à 2 m en tous sens au-delà de la zone contaminée), brûlage au chalumeau, perçage murs et sol, injection de produit fongicide, 2 pulvérisations murs et sol à 24 heures d’intervalle.

Prix : 150€/m2 traité, hors dépose éventuelle d’isolation, de revêtements divers sur murs, parquet sol, qui n’a pas lieu d’être ici.

Le devis est assorti, à ma demande, d’une mention indiquant la date impérative de réalisation des travaux, ici fin août 2019. (Il est impératif d’indiquer une date de début de travaux, une plus-value au devis s’appliquant en cas de prolifération du parasite …)

  • vendredi 29 août 2019 et lundi 2 septembre 2019 : travaux, avec une présence effective des ouvriers de 8 h15 sur le chantier sur les 2 jours ( bien que ne définissant pas le prix au m², le temps de travail estimé étant à la signature du devis d’environ 2 jours 1/2 …)
  • 13.09.2019 : Métrage définitif des zones effectivement traitées (moins-value du devis suite à contestation à la réception des travaux), facture … Incitation/préconisation à vous débarrasser de tout mobilier en bois qui pourrait favoriser la « reprise » du parasite ...

La chronologie des événements ne rend évidemment pas compte de l’impact financier et psychologique.

Le choc de la découverte d’une présence plus qu’indésirable, qui peut mettre en péril l’intégrité de votre habitation, la recherche de rares entreprises spécialisées signent le début du parcours du combattant … Un aspect important concernant la mérule est son aptitude à se développer rapidement si les conditions nécessaires sont réunies (mais vous l’avez lu ici sur le site!), et l’entreprise qui constatera sur place l’étendue des dégâts ne manquera pas de vous mettre la pression-bien qu’elle s’en défende-en vous informant qu’il est essentiel d’engager les travaux le plus rapidement possible. Et qu’une négligence ou hésitation de votre part risquerait de vous mener à la catastrophe, si celle-ci n’a pas déjà eu lieu.

Aussi vous informe-t-on que les nombreux chantiers, le peu d’entreprises habilitées, font que les premiers signataires de devis seront les premiers servis ! Sous-entendu, si vous ne signez pas le devis présenté le jour même, vous risquez d’allonger le temps avant le début des travaux … et que le champignon pendant toute cette période, pousse, pousse …

Il signale, que même s’il n’y a pas eu déclaration en mairie par les propriétaires, « quelques » chantiers ont déjà été entrepris aux alentours. Sans plus de précision, confidentialité oblige !

On ne manquera pas de vous dire aussi, après métrage des zones à traiter, que toute pousse en dehors de ces zones pendant votre temps de réflexion fera l’objet d’une plus-value. Vu le prix exorbitant du traitement, le calcul est vite fait ...Pour appuyer ses dires, l’entrepreneur vous montrera son carnet de commandes bien rempli. Bref, votre libre consentement à signer un devis est pratiquement un non-choix.

A mes questions concernant les tarifs prohibitifs pratiqués par les entreprises (prix au m² identique dans les 3 entreprises contactées, donc pas de concurrence de fait), il m’a été répondu que la haute technicité des ouvriers et le prix des produits justifiait le montant des travaux.

Une rapide consultation sur Internet du produit de traitement fongicide dont les références sont indiquées sur le devis puis une estimation du coût des salariés (au SMIC selon leurs dires) font que j’en tire rapidement la conclusion que le bénéfice de l’entreprise est particulièrement conséquent. Après calcul, j’estime que l’acompte versé couvre déjà entièrement toutes les charges ci-dessus.

Si bien sûr les entreprises n’ont pas vocation caritative, on peut regretter (et c’est là un euphémisme!) que le montant des travaux qui ne peut pas être supportés par tous, participe d’une certaine manière à la propagation du parasite. Pas d’argent, pas de traitement … Cette situation catastrophique pour les sinistrés de la mérule devrait faire l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics, qui jusqu’à présent n’ont pas pu ou pas voulu prendre les mesures nécessaires pour l’éradication de ce parasite, en encadrant les différents acteurs par une loi adaptée.

La loi Alur impose aux propriétaires de faire la déclaration de votre sinistre en mairie. Dans les régions encore peu concernées par la mérule, cette dernière n’est pas l’interlocuteur privilégié qui pourra vous donner d’éventuels conseils.

Néanmoins après quelques investigations, elle se rendra vite compte que votre problème devient -un petit peu- le sien quand il s’agit de préserver un parc immobilier attractif dans la commune.

Mon témoignage et la déclaration de ce parasite n’ont pas laissé de surprendre quand bien même on m’informait que mon patrimoine se verrait déprécié lors d’une éventuelle vente ultérieure … Vous ne déclarez pas, vous êtes malhonnête ; vous déclarez, vous êtes neuneu ... j’ai pu, bien que très difficilement, assurer ce choix financier et je serai attentive à ce que les déclarations propriétaire/ mairie/ préfecture soient bien prises en compte.

Il semble qu’un amendement à la loi Alur devrait être discuté afin de prendre de nouvelles mesures sur le sujet. Mesures coercitives.

Cet amendement prévoit une amende en cas de non-déclaration de votre sinistre en mairie … ainsi donc, voici la résolution proposée  : vous avez la tête sous l’eau, vous n’avez pas les moyens d’entreprendre un traitement, vous êtes atteint psychologiquement, et l’État se propose seulement de vous l’enfoncer un peu plus … Quant à moi, je contacterai l’ADIL et l’ANAH pour obtenir une éventuelle subvention. L’ARS déjà contactée, et bien qu’en charge de tous ces problèmes, ayant signalé qu’elle n’avait absolument aucun pouvoir … Dans l’attente de leur courrier …

 

"Les Hauts de Hurlevent"